LOUANE AVRANCHE

LOUANE AVRANCHE


Éloïse Gonin

Designer numérique et créatrice d’images 2D & 3D,
dans sa pratique, elle aime explorer
les outils de captation et de conception graphique.

© Collectif Des Rives
EG : De quelle année es-tu diplômée du DCN ? Quel était ton sujet
de mémoire ? 

LA : J’ai été diplômée en 2023, dans mon sujet de mémoire j’ai parlé de la solastalgie. Mon titre c’était : « Ça sent le roussi, comment enrayer l’imaginaire de la catastrophe à l’ère de la solastalgie ». L’idée principale c’était de chercher à établir de nouvelles grammaires visuelles pour aider les individus à trouver des moyens d’action face aux transformations environnementales.

EG : Présente-nous rapidement ton parcours depuis que tu es partie d’Estienne. 

LA : Après Estienne, j’ai décidé de faire le Master des quatres écoles avec Boulle, l’Ensaama, Estienne et Duperré. C’est un programme sous forme de résidence à l’Académie du Climat en collaboration avec le CNAM. C’est sur une année avec six mois
de cours et d’ateliers et six mois de stage. Depuis septembre,
je suis freelance en tant que CGI artiste pour des studios de créations visuelles.

EG : Est-ce que tu pourrais décrire ce que t’a apporté la formation DCN, ce qu’elle t’a permis de découvrir ?

LA : Je dirais que la formation a renforcé mon enthousiasme pour l’image, pour l’artisanat visuel et les nouvelles technologies. Et puis, le DCN m’a permis de savoir que j’aimais travailler avec les gens, et c’est vraiment quelque chose que je recherche maintenant  ! Aujourd’hui, le numérique est un univers tellement large que chacun trouve sa place. Par exemple, moi, je vais me concentrer sur la 3D, tandis qu’un autre va se charger de la photo ou bien va ajouter de l’interaction. Chacun est assez complémentaire et c’est chouette. 

Pour ce qui est du recrutement, je le trouve assez bien fait. Les professeurs prennent différents types de profils et ça forme des collectifs qui ont vraiment cet esprit du DCN. Dans la formation, il y a aussi ce truc de « DIY » numérique que je trouve cool.
On t’encourage à être curieux et à aimer apprendre. C’est quelque chose qu’on ressent beaucoup. Aussi, le truc trop cool du DCN c’est qu’il y a beaucoup de rencontres avec des professionnels variés  !
On a pu échanger avec Hugo Hilaire, Chevalvert, Juliette Bibasse, etc… ça permet de se rendre compte de la réalité du métier. Il y a aussi une forte connexion avec tous les anciens de la formation.
On a tous connu la galère d’être dans la salle de physique-chimie
au deuxième étage du bâtiment D, il y a un truc un peu intemporel dans ces deux salles D13-14. 

EG : Est-ce que tu recommandes un sujet ou une techno à creuser ? 

LA  Je pense que dans ma promo, on était tous un peu frustrés parce qu’on a passé beaucoup de temps sur la Raspberry. Je venais pour faire des images, donc j’ai été un peu déçue de faire beaucoup de code. Mais ça m’a quand même apporté des choses. Un point personnel qui m’a manqué, c’est plutôt la 3D en temps réel avec Unreal ou Houdini. J’aurais également bien aimé aussi avoir des temps d’échanges ou des rencontres sur l’actualité du numérique. Je trouve que la formation a un peu manqué de veille
et d’actualité sur le numérique. 

EG : Peux-tu nous parler du projet que tu voulais nous présenter ?
Quel domaine aborde-t-il ? Peux-tu nous envoyer des images
de ton projet ?

LA : Je peux te parler du projet « Quand le ciel a des jambes ». C’est un projet qui est né avec mon collectif Des Rives, lors du Master 2. Le projet porte sur le sujet de la tempête. On voulait vraiment parler de ce phénomène avec nos propres codes, explorer l’histoire de ce phénomène, recueillir les différents récits. On est alors allés sur place, à Douarnenez, en Bretagne. Là-bas, on a pu recueillir les témoignages des habitants :un marin-pêcheur, un agriculteur, le gardien de l’île…
On a également réalisé des captations sonores et visuelles du lieu, et réalisé des images numériques. À partir de tout ça, on a réalisé une expérience immersive composée d’une installation, d’une projection visuelle à 360° et d’une édition documentant nos recherches et nos rencontres. Pour te décrire un peu le projet, l’installation se compose d’un bassin d’eau connecté à une balise météo à Douarnenez. L’eau est alors connectée en temps réel aux conditions du vent de la ville bretonne. À intervalles réguliers, l’expérience immersive se déclenche et l’installation se met en mouvement. Une projection de 3 : 50 minutes se déclenche alors, intégrant les témoignages des habitants et une partition sonore. On est actuellement en partenariat avec Météo France, le Musée de la Marine et la Cité des Sciences, mais on cherche des partenariats pour financer le projet. On aimerait beaucoup prolonger le projet et on espère le présenter prochainement au public du Musée de la Marine.

EG : Qu’est-ce que tu retiens de ton passage à Estienne ?
Est-ce que l’esprit DCN te porte encore aujourd’hui ? 

LA : Qu’est-ce que je retiens du DCN ? Mmmh, je dirais qu’on se rend compte qu’on est tous des mangeurs de cartes graphiques, haha. Puis, le mot « Panic Room » représente bien la section et fait toujours écho en dehors d’Estienne. D’ailleurs, quand il y a des soirées avec tous les anciens du DSAA, ça crée des moments assez drôles. On parle de carte graphique et tout…
c’est vraiment un univers de geek DIY.

EG  : Des recommandations (artiste, œuvre…) ?

LA : Alors, en ce moment, il y a un artiste qui occupe un peu trop mon esprit, c’est Dirkkoy. J’adore vraiment ce qu’il fait. C’est que des trucs de perceptions. Après, il y a aussi Alexis Jamet, Kevin Bray, Mélanie Courtinat, Clara Besnard, Joseph Töreki…

EG : Qu’est ce que le Digital évoque pour toi ? 

LA : Alors ce mot, digital, je ne l’aime pas trop, haha.
Je trouve que c’est un peu daté, mais il a quand même ce petit côté nostalgique et mignon. Avec les 10 ans de la formation, je comprends son emploi.

Un entretien avec Louane Avranche
par Éloïse Gonin 11/02/25