MANON BOUCHER

MANON BOUCHER

Flore Wodey

« Je crois fermement que le numérique peut dépasser la simple
interface de l’écran et s’insérer dans des contextes innovants.
Nous sommes en mesure de repousser les limites entre réel
et imaginaire, offrant ainsi des expériences sensorielles inédites.»

MB : Hello  ! Je suis Manon Boucher, j’ai 24 ans et je suis creative technologist. J’ai été diplômée du DSAA DCN en 2023. Le titre de mon mémoire était « Au-dedans : Nouvelle grammaire numérique du corps dansant » et il parlait des différentes manières de révéler / réinterpréter les vibrations émotionnelles ressenties par un.e danseur.se grâce aux outils numériques. Dès que j’ai quitté Estienne, je me suis lancée à mon compte. J’ai eu la super opportunité de pouvoir travailler avec le studio avec lequel j’avais fait mon stage de fin d’études : Convivial Studio. Pendant 3 mois ils m’ont pris sous leur aile pour faire des projets plutôt commerciaux pour IKEA ou encore une célèbre marque de voiture de luxe. Depuis, ils m’appellent régulièrement lorsqu’ils en ont besoin. Après ces trois mois, j’ai eu plusieurs opportunités, plus ou moins artistiques, j’ai enseigné aussi un peu. Mes clients étaient principalement parisiens ou anglais. Aujourd’hui je suis en train de construire des relations plus solides avec des studios lyonnais (ma ville
de cœur) et le monde du spectacle. 

FW : Présente-nous rapidement ton parcours depuis que tu es partie d’Estienne.

MB : Je n’en mène pas un particulièrement. Naturellement, je continue à creuser les questionnements qui sont nés pendant mon mémoire : je cherche toujours de nouvelles manières de réinterpréter le mouvement, de créer des dispositifs numériques plus sensibles, plus proches des gens.

FW : Est-ce que tu pourrais décrire ce que t’a apporté la formation DCN, qu’est-ce qu’elle t’a permis de découvrir ?

MB : La formation m’a apporté une ouverture d’esprit, une curiosité et une vraie faculté critique. Elle m’a permis de prendre confiance en mon travail tout en m’ouvrant de nouvelles voies. 

FW : Est-ce que tu recommandes un sujet/techno à creuser ?

MB : Certainement Unreal ! J’étais un peu déçue de ne pas avoir pu apprendre ce logiciel pendant ma formation, quand on travaille après on a moins le temps de se former. Mais c’est vraiment l’avenir, on peut y faire tellement de choses, c’est impressionnant.

FW : Peux-tu nous parler du projet que tu voulais nous présenter ? Quel domaine aborde-t-il ? 

MB : Le projet que je suis particulièrement fière d’avoir réalisé cette année c’est Digitalization, un Live A/V immersif et interactif de 8h. Dans l’univers des musiques électroniques, l’attente du public se porte vers des expériences mémorables, participatives et transcendantales. À l’ère des nouvelles technologies, nous sommes en mesure de repousser les limites entre réel et imaginaire, offrant ainsi des expériences sensorielles inédites. DIGITALIZATION représente un concept avant-gardiste de performance live, initialement conçu pour le dancefloor, mais désormais en quête d’une expansion vers de nouveaux supports et publics. À la croisée des chemins entre arts numériques et immersifs, ce projet hybride aspire à toucher diverses strates de la société. Cette performance novatrice fusionne spatialisation sonore, capture du mouvement, interactivité, visuel génératif, projection et live streaming pour créer un spectacle multisensoriel unique.

FW : Qu’est-ce que tu retiens de ton passage à Estienne ?
Est-ce que l’esprit DCN te porte encore aujourd’hui ?

MB : Quand je parle de cette formation je dis souvent que ça a été les années les plus dures, mais les plus enrichissantes de ma vie. En fait, on a l’impression d’être perdutout le temps tout en étant à sa place. Je pense que la richesse de cette formation c’est l’ouverture à l’expérimentation, aux différents points de vue, aux différents outils. On s’est enrichis les uns les autres tout en étant guidés par des professeurs qui savaient où nous amener (même si on avait toujours l’impression qu’ils avaient tort haha). Cet esprit me porte encore évidemment aujourd’hui, et je ne regrette absolument pas d’avoir choisi cette école. 

FW : Des recommandations (artiste, œuvre…) ?

MB : Alors, en ce moment, il y a un artiste qui occupe un peu trop mon esprit, c’est Dirkkoy. Il a le don de faire quelque chose de minimaliste qui prend une envergure maximaliste, je sais pas si tu vois haha. Il explore et éclate toutes les lois du temps et de l’espace, je trouve ça trop beau, ça fait des images qui vibrent. Après, il y a aussi Alexis Jamet, Kevin Bray, Mélanie Courtinat, Clara Besnard, Joseph Töreki… Il y a aussi ce compte qui ne partage que des douceurs visuelles (clip/pub/film) c’est @eyecannndy sur insta. 

FW : Qu’est-ce que le Digital évoque pour toi ?

MB : Pour moi le numérique (digital) c’est cet ami un peu froid et distant qui se révèle être profond et touchant à l’intérieur. Bien que je sois bavarde, j’ai toujours eu du mal à exprimer mes émotions à l’oral. Alors, j’ai cherché d’autres moyens de les partager : la danse, la musique, le dessin…
Et depuis quelques années : le numérique. Ce médium,
souvent perçu comme froid et intangible, m’a vite semblé être un compagnon chaleureux, me permettant de m’exprimer. D’abord pour me parler à moi-même, puis pour communiquer avec les autres. J’ai à cœur de créer des expériences poétiques qui touchent, qui font voyager. Je crois fermement que le numérique peut dépasser la simple interface de l’écran et s’insérer dans des contextes innovants (et pas uniquement réservés au luxe). Si, comme moi, vous pensez que les nouvelles technologies ne sont pas là seulement pour démontrer une prouesse technique, mais qu’elles peuvent aussi susciter
des émotions fortes, n’hésitez pas à me contacter.
Croisons nos univers et créons ensemble.
Pour un monde numérique plus sensible.

Un entretien avec Manon Boucher
par Flore Wodey
05/01/25